Nous avons eu la chance de la rencontrer dans son atelier où elle prépare en ce moment un projet passionnant pour le futur Muséum, celui de créer des costumes d'animaux pour la "Forêt des tout-petits". Espace immersif destiné à éveiller les enfants de 2 à 5 ans autour de la thématique animalière et forestière, ces costumes conçus sur-mesure participeront à l’approche ludique et interactive du musée.

Habituée des expositions et passionnée par la création, Carole n’en est pas à son premier coup d’essai. Si l’exposition de Noël reste chaque année son projet phare, la couturière a déjà contribué au Muséum en 2019, en créant des peluches pour l’exposition « Abeilles ».

Elle met également un point d’honneur à recycler et revaloriser les tissus, faisant de chaque projet une œuvre durable et unique. Entre coccinelles, hérissons ou encore écureuils, son travail minutieux et sa créativité continuent à animer et à embellir la vie culturelle de la ville du Havre et de son futur Muséum.

Cléa HAMEURY : Bonjour Carole ! Vous êtes couturière à la ville du Havre et vous êtes missionnée pour travailler sur le futur Muséum. Merci de m’accueillir dans votre atelier ! Pouvez-vous vous présenter ?

Carole LIOUST DIT LA FLEUR : Bonjour, oui tout à fait. Carole, je suis couturière et je suis rattachée au service des bâtiments de la ville du Havre. Cela fait à peu près 19 ans que je pratique ce métier.

C-H : Il y a plein de belles choses à regarder ici ! Vous semblez avoir de nombreux projets en cours de route… Pouvez-vous nous parler un peu de votre métier ?

C-L : Je peux travailler pour à peu près n’importe quel service de la ville. Mes missions de couturière sont donc très variées ! Des écoles aux théâtres, des bibliothèques aux musées… je confectionne ou j’entretiens et répare tout ce qui touche au tissu. Cela peut donc être des rideaux, des drapeaux français, des turbulettes pour les crèches, créer ou raccommoder des vêtements de travail, confectionner des coussins ou des assises, des serviettes ou des nappes pour les réceptions… Il y a des projets ponctuels, d’autres qui reviennent régulièrement…

C-H : Cela en représente du travail ! Vous êtes toute seule à réaliser tous ces projets ?

C-L : Je suis toute seule mais parfois je suis accompagnée d’un renfort comme c’est le cas aujourd’hui. C’est aussi le cas l’été car tous les rideaux d’écoles reviennent ici à l’atelier pour se refaire une beauté avant la rentrée. Ils sont donc examinés, réparés si besoin puis nettoyés avant d’être remis en place dans les écoles pour septembre. Cela représente plus de 3 000 rideaux entre juillet et aout. 

C-H : Parmi tous les projets que vous avez pu réaliser, qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?

C-L : Sans hésiter : la création ! En 19 années, j’ai pu en voir défiler des projets (rires) ! Mais… ce que je préfère c’est réaliser des costumes. Mon projet coup de cœur reste celui de l’exposition de Noël. Tous les ans, je suis missionnée pour préparer les costumes de la thématique choisie. Je garde en mémoire celle réalisée sur Venise. Avec le scénographe, nous avions réalisé une série de costumes anciens et utilisé beaucoup de dentelles. C’était beaucoup de travail mais le rendu était vraiment beau, c’était un super projet à réaliser. 

J’aime bien aussi les housses de coussin ou des déguisements pour des enfants de crèche, c’est tout aussi plaisant à faire. 

C-H : Des bruits de couloir racontent que vous travaillez en ce moment sur un projet pour le futur Muséum… Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

C-L : C'est exact ! Dans le cadre du futur Muséum, je travaille sur la confection de costumes pour la salle consacrée à la « Forêt des tout-petits ». Avec Nicolas Bansaye, responsable pédagogique du musée, nous sommes donc partis sur des costumes de hérisson, coccinelle, abeille, chouette, salamandre, grenouille et d’écureuil. 

Mais ce n’est pas la première fois que je travaille pour le Muséum. En 2019 j’avais participé à la confection de larves pour la ruche ludique du parcours jeunesse de l’exposition Abeilles. La menuiserie avait réalisé les alvéoles. Chacun y met son savoir-faire, sa passion, et le résultat est là !

C-H : Quelles sont les étapes lorsque vous commencez un tel projet ?

C-L : On commence par le choix de l’animal, puis le modèle et ensuite le type de gabarit. Pour la forêt nous sommes partis sur des costumes 3-5 ans et sur quelque chose d’assez simple et rapide à enfiler. Selon les modèles il s’agit soit d’une chasuble soit d’une cape. Pas de capuches ou autre, pour éviter les poux. Ensuite on procède au calcul des métrages puis au choix des tissus. Ce sont des costumes assez simples à réaliser mais c’est toujours gratifiant de voir son travail prendre vie dans les expositions. D’ailleurs, je ne manquerai pas de venir visiter le Muséum pour voir le rendu !

C-H : Vous avez l’air d’avoir beaucoup de rangements ici. Avez-vous vos propres réserves de tissus ou bien vous vous en procurez ailleurs ?

C-L : Cela dépend des projets et des tissus demandés. Si je peux, je réutilise d’anciens tissus, sinon j’en achète. Après chaque exposition de noël, j’en récupère un maximum afin qu’ils soient revalorisés. Ils peuvent être réutilisés pour créer de nouvelles marionnettes ou bien de nouveaux costumes. Au fil des années ça peut vite prendre de la place, mais avec un peu de logistique et d’organisation, on s’y retrouve. Pour le cas du Muséum, nous avions besoin de tissus bien spécifiques comme celui du hérisson, nous sommes donc parti à sa recherche !

Janvier 2025