Interview

Anne Liénard, directrice du Muséum d'histoire naturelle du Havre

Publié le 02 juillet 2023

L’activité du Muséum en période de fermeture, la fabrication des nouveaux parcours d’exposition ou encore ses collections coups de cœur : Anne Liénard, directrice du Muséum, nous en dit un peu plus sur un établissement en pleine transformation.

Le Muséum en mue ...

LB : Muséum fermé, muséum à l’arrêt ?

AL : Du tout ! Durant cette période de chantier — même si cela ne se perçoit pas forcément d’un point de vue extérieur — le Muséum poursuit ses activités et elles sont multiples.

Sur le plan externe, nous participons activement aux événements de la vie culturelle havraise. À titre d’exemple, nous sommes impliqués dans l’exposition Esclavage – mémoires normandes, qui se tient simultanément au Havre, à Rouen et Honfleur et dont la portée est nationale…

Le musée continue également sa propre programmation culturelle à travers des conférences, des projections ainsi que des animations « Hors les murs ». Ces temps de rencontre sont précieux. Ils nous permettent de continuer à diffuser la culture scientifique.

L’activité interne du musée est aussi très intense. En préparation de la réouverture, notre priorité est de planifier l’installation du futur parcours permanent, ce qui est une tâche considérable. Nous devons prendre en considération la présentation des collections qui comptent actuellement près de 250 000 pièces. Or, dans ce bâtiment du 18e siècle, qui était autrefois un Palais de justice, nous avons la contrainte de l’espace. Les futures pièces exposées font donc l’objet d’une sélection drastique, en fonction de leur capacité à transmettre un message et à exprimer quelque chose pour les publics.

LB : Un tout nouveau parcours de visite, comment cela se construit ?

AL : La conception d’un nouveau parcours de visite est avant tout un processus collaboratif avec l’équipe entière du Muséum. L’objectif est de déterminer comment réorganiser les collections et les domaines thématiques. Nous avons choisi de structurer le parcours en attribuant une salle à chaque domaine, tout en veillant à ce que des fils rouges les relient ensemble afin de couvrir des sujets tels que la biodiversité, les dessins de Charles-Alexandre Lesueur, Le Havre, la Normandie… Ces éléments contribuent à donner cohérence et identité au Muséum. De plus, le parcours vise à renforcer l’identité territoriale du musée, non seulement au sein de la commune mais également au-delà…

LB : Une collection coup de cœur ?

AL : C’est comme choisir entre ses propres enfants ! (rires)
Si j’avais 2 ans, je me rendrais dans la salle des tout-petits. Si j’avais 15 ans, je privilégierais plutôt la salle des minéraux… En réalité, chaque salle présente un réel intérêt, elles doivent être envisagées comme un ensemble. L’idée de complémentarité entre elles est très présente.

Finalement, lorsque je me tiens au bout de la place du Vieux Marché et que je contemple le Muséum, je suis d’abord attirée par sa façade, puis mon imagination s’envole en pensant à cet intérieur qui regorge de diversité et de richesses. Cela reflète les nombreux sujets sur lesquels nous travaillons avec les équipes.

LB : Abeilles, phasmes ou méduses ?

AL : Eh bien… ! Si j’étais une position très difficile (rires), mes véritables préférés sont les insectes. J’affectionne particulièrement les lépidoptères et les abeilles, car ils témoignent d’un équilibre fragile et fondamental de la nature. Quant aux phasmes… (rires) ils m’intriguent vraiment.