Interview
Denis Duboscq, taxidermiste
Par Cléa Hameury
Publié le 25 juillet 2025
Redonner vie aux animaux après la mort, c’est l’art fascinant de Denis Duboscq, taxidermiste passionné depuis près de 60 ans. Entre précision chirurgicale et sens artistique, il dévoile les secrets d’un métier méconnu, où chaque détail compte pour préserver la mémoire du vivant. Découvrez son parcours, son savoir-faire et la restauration minutieuse d’un Panda roux.
L'interview complète
Dessins
Une fois l’animal récupéré et la posture choisie, on s’occupe ensuite de le dépouiller. C’est-à-dire qu’on va lui prélever la peau et la préserver afin qu’elle ne pourrisse pas. C’est quelque chose de très précis et de chirurgical. Cette étape doit être faite proprement dans la perspective où il faudra tout recoudre après !
Le cuir est tanné : on déshydrate la peau et on la fixe avec des agents chimiques pour la rendre imputrescible et résistante. Le tannage d’une peau de mammifère ou d’oiseau peut demander plusieurs heures voire plusieurs semaines de travail ! Pour un mammifère « classique » comme un renard par exemple, il faut compter environ 7 couches d’huile et 48 heures de séchage entre chaque couche.
Ensuite viennent les mensurations. On mesure chaque partie du corps pour les reporter sur le futur mannequin qui accueillera la peau. Si nous ne disposons que d’une peau, on peut par exemple à partir du crâne, recalculer la longueur du corps, du bassin, du fémur, ou encore du tibia. Il existe des formules prédéfinies : la longueur du tibia-péroné est égale à une fois et demie la longueur du tarse ou encore le fémur est exactement égal la longueur du tibia-péroné… Ces mesures restent approximatives, il faut parfois les ajuster en fonction de l’individu. Comme pour les êtres humains, les spécimens sont tous différents. On peut donc avoir des animaux avec des grandes pattes, d’autres avec des pattes plus courtes… La taxidermie, c’est du sur-mesure !
Mannequin mousse
Une fois les mesures faites et pendant que le cuir travaille, je réalise ensuite le mannequin. Pour ma part, j’utilise de la mousse polyuréthane. Cette matière est plus résistante et plus facile à travailler que les anciennes structures faites de bois et de paille. Comme un sculpteur, on sculpte le corps de l’animal directement dans la matière, qu’on peut scier, tailler, modeler…
Pour le corps du panda, j’ai dessiné un gabarit en papier de façon à pouvoir le reporter sur un bloc de mousse. Ensuite on le taille un peu comme si on sculptait un gros morceau de marbre sauf que la mousse c’est quand même nettement plus facile ! Avec une râpe, du papier de verre, des couteaux… on diminue les volumes et on se rapproche petit à petit de la forme de l’animal